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Урок 63
ГРАММАТИКА
L'expression du temps («quand?...») = Средства выражения времени
1. Прежде всего, необходимо выяснить, следует ли действие главного предложения за действием придаточного, происходит ли одновременно с ним, или предшествует этому действию.
Основные случаи употребления времен:
(а) Глагол придаточного предложения в изъявительном наклонении
(indicatif):
1. Действие главного предложения Гследует1 за действием придаточного
| — Nous sortons [aprè s qu'lil a plu(глагол pleuvoir). —Ils sortirent aprè s qu'il eut plu (письменная речь). — Nous sortirons aprè s qu'il aura plu.
| Основные союзы:
| aprè s que dè s que aussitô t que depuis que quand lorsque, и т.п.
| 2. Действие главного предложения [одновременно! действию придаточного
| — Nous restons à la maison [pendant qu'l il pleut.— Nous resterons à la maison pendant qu'il pleuvra— Nous sommes resté s à la maison pendant qu'il pleuvait— Ils restè rent à la maison pendant qu'il pleuvait.
| основные союзы:
| pendant que tandis que quand tant que lorsque, и т.д.
| (б) Глагол придаточного предложения в сослагательном наклонении (subjonctif):
| Действие главного предложения [предшествует] действию придаточного
| Nous sortons [avant qu'l il[nel pleuve.Nous sortirons avant qu'il[nel pleuve.
Nous sommes sortis avant qu'il ne plû t Ils sortirent avant qu'il ne plû t(книжная речь)
| Основные союзы:
| avant que (ne), jusqu'à ce que, en attendant que, sans attendre que.
|
II — L'infinitif
Je travaille avant de sortir. — Je travaille aprè s ê tre sorti.
Если подлежащие главного и придаточного предложений совпадают, то предложение, вводимое союзами: aprè s que, avant que, en attendant que, sans attendre que, как правило, заменяется конструкцией: aprè s, avant de, en attendant de, sans attendre de + infinitif.
III — Le gé rondif (Деепричастие)
Je chante en travaillant (= pendant que je travaille).
IV — Le participe avec un sujet (— proposition participe)
Причастие, имеющее собственное подлежащее: La nuit venue (quand la nuit fut venue), je suis sorti.
ПРИМЕЧАНИЕ: Существительное также может обозначать время: je travaille la nuit, pendant la nuit.
JEUNESSE DE FRANCE... ET D'AILLEURS
Juillet, aoû t! Ces deux mois-là sont attendus avec impatience par toute la jeunesse! Vous devinez pourquoi: c'est la pé riode des vacances. Mê me quand on n'est pas riche, on veut voir du pays1. Aussi, bien avant que l'é té ne soit là, on fait des projets (m.).
«Où iras-tu cette anné e? — J'ai envie d'aller camper dans les Alpes. — Mais moi aussi... Alors nous partirons ensemble!»
Une fois la dé cision prise2, on é tablit des itiné raires (m.), on marque sur les cartes (f.) les emplacements les plus favorables au «camping».
Dè s qu'arrive le premier jour des vacances, on se met en route; sac au dos, jeunes gens et jeunes filles, en troupes joyeuses, envahissent les trains ou se lancent à bicyclette sur les routes, vers la destination qu'ils ont choisie. Quelle joie de se trouver au grand air, aprè s qu'on a travaillé toute l'anné e! Bien sû r on n'a pas le mê me confort qu'à l'hô tel! Mais, à vingt ans, tout est facile. Si le vent arrache les piquets (m.) de la tente, si l'orage é teint le feu de camp, eh bien, on en rit!
D'autres voyagent à travers toute la France ou l'Europe. Les «auberges de la jeunesse» les accueillent. Ils y retrouvent des jeunes
de tous les pays, é changent des souvenirs, des photos (f.); chantent, le soir, à la veillé e, des chœ urs (m), ou des romances (f.) populaires. Et, le lendemain, aprè s avoir remercié le «pè re aubergiste», ils reprennent leur route vers la prochaine é tape.
Примечания:
1. = хочется повидать другие места (куда-нибудь поехать).
2. Plus fré quent que: la dé cision prise, ou la dé cision é tant prise.
УПРАЖНЕНИЯ
I) (a) Перепишите3-й и 4-й абзацы текста до слов:...ont choisie, заменяя глаголы в Pré sent соответствующими формами Passé simple, a глагол в Passé composé формой Plus-que-parfait; (б) Заменитеглаголы в Pré sent соответст- вующими формами Passé composé, a глагол в Passé composé формой Plus-que- parfait.
II) Поставьте глаголы в скобках в Passé composé, Passé anté rieur, Plus-que- parfait, Futur anté rieur, в зависимости от смысла фразы. Используйте вспомога- тельный глагол avoir.
Aprè s que le jour (paraî tre), les oiseaux se mirent à chanter. — Aprè s que le jour (paraî tre), les oiseaux se mettent à chanter. — Aprè s que le jour (paraî tre), les oiseaux se mettront à chanter. — Depuis qu'il (commencer) son enquê te, M. Vincent ne cesse pas de voyager. — Depuis qu'il (commencer) son enquê te, M. Vincent ne cessait pas de voyager. — Aprè s qu'il (commencer) son enquê te, M. Vincent ne cessa pas de voyager. — Lorsqu'il (commencer) son enquê te, M Vincent ne cessera pas de voyager. — Dè s que (achever) mon travail, je vais me promener. — Dè s que (achever) ton travail, tu allais te promener. — Dè s que (achever) son travail, il ira se promener. — Quand le té nor (finir) de chanter, une tempê te d'applaudissements s'é leva. — Quand le té nor (finir) de chanter, une tempê te d'applaudissements s'é lè vera. — Quand le té nor (finir) de chanter, une tempê te d'applaudissements s'é levait. — Lorsqu'il (terminer) sa correspondance, il fait un peu de lecture. —. Lorsque (terminer) leur correspondance, ils faisaient un peu de lecture.
III) Поставьте глаголы в скобках в нужное время: Pendant que je (ê tre occupé) un ami est venu me voir. — Pendant que M. Vincent (faire) son enquê te, sa femme et ses enfants restent à Paris. — Pendant que M. Vincent (faire) son enquê te, sa femme et ses enfants resteront à Paris. — Pendant que M. Vincent (faire) son enquê te, sa femme et ses enfants restè rent à Paris. — Nous n'allons pas dans la montagne tant que (y avoir) de la neige. — Vous n'irez pas dans la montagne tant que (y avoir) de la neige. — Les nuages emplissent le ciel tandis que nous (se pré parer) à sortir. — Les nuages emplissaient le ciel tandis que nous (se pré parer) à sortir. — Chaque fois que nous voulons sortir (pleuvoir). — Chaque fois que nous (vouloir) sortir, il pleuvait.
IV) Поставьте глаголы в скобках в Subjonctif pré sent: Attendez-nous jusqu'à ce que nous (arriver). — Ne quitte pas ta place avant que le rideau ne (ê tre baissé). —• Pié tons, restez sur le trottoir jusqu'à ce que le feu (devenir) rouge. — Ne vous engagez pas sur la chaussé e sans attendre que l'agent vous le (permettre). — Abritons-nous som ce hangar en attendant que la pluie (cesser). — Avant que ne (venir) la fin de l'anné e scolaire, j'ai encore beaucoup de travail à faire.
V) Дополните следующие фразы конструкцией avant de + infinitif:... dé jeuner, nous allons boire un verre de porto. — Attendez que le rideau soit baissé... voui lever. — Attendez le feu rouge... vous engager sur la chaussé e. — Ne vous engagez pas sur la chaussé e... voir le feu rouge. — Tu as encore beaucoup de travail à faire.. partir en vacances. — Je viendrai vous rendre visite... quitter la ville. — Elle a mis un peu de poudre et de rouge aux lè vres... sortir.
VI) Перепишите следующие фразы, заменяя союзные придаточные предло- жения конструкцией aprè s + infinitif passé: Aprè s qu'ils ont vu le jour, les oiseaux commencent à chanter. — Aprè s qu'il eut commencé son enquê te, M. Vincent ne cessa pas de voyager. — Aprè s que j'aurai fini mon travail, j'irai me promener. — Aprè s qu'il a terminé sa correspondance, il fait un peu de lecture. — Aprè s que nous eû mes entendu cet excellent té nor, nous rentrâ mes à la maison.
VII) Перепишите следующие фразы, заменяя союзные придаточные предло- жения деепричастием (gé rondif): Je viendrai te voir quand je partirai. — Ne lisez pas pendant que vous mangez. — Tiens-toi droit pendant que lu marches. — Ne garde pas une main dans ta poche quand tu salues quelqu'un. — Lorsque nous visitions le musé e du Louvre, nous avons rencontré des amis de Montré al. — Quand nous nous sommes quitté s, nous nous sommes promis de nous revoir.
VIII) (a) Составьте полные фразы, дополнив следующие придаточные предло- жения с абсолютным причастным оборотом главными предложениями: La nuit
tombé e,.... — Le repas terminé.......... — Le concert fini,.... — Aussitô t nos invité s
partis,...
(б) В получившихся фразах замените придаточные предложения с абсолютным причастным оборотом придаточными предложениями с временным союзом (Напр.: (a) Le signal donné, tous les coureurs s'é lanceront: (6) Aussitô t que le signal aura é té donné, tous les coureurs s'é lanceront.)
ТЕКСТЫ ДЛЯ ЧТЕНИЯ: УРОКИ 58 — 63
MARIAGE NORMAND VERS 1870
La procession se dé roulait dans le chemin creux ombragé par les grands arbres poussé s sur les talus des fermes. Les jeunes maî tres venaient d'abord, puis les parents, puis les invité s, puis les pauvres du pays, et les gamins qui tournaient autour du dé filé, comme des mouches, passaient entre les rangs, grimpaient aux branches pour mieux voir. Le marié é tait un beau gars, Jean Patu, le plus riche fermier du pays (...). La marié e, Rosalie Roussel, avait é té fort courtisé e1 par tous les partis des environs, car on la trouvait avenante, et on la savait bien doté e; mais elle avait choisi Patu, peut-ê tre parce qu'il lui plaisait mieux que les autres, mais plutô t encore, en Normande ré flé chie, parce qu'il avait plus d'é cus.
Lorsqu'ils tournè rent la grande barriè re de la ferme maritale, quarante coups de fusil é clatè rent sans qu'on vî t les tireurs caché s dans les fossé s. A ce brait, une grosse gaieté saisit les hommes qui gigotai- ent lourdement en leurs habits de fê te; et Patu, quittant sa femme, sauta sur un valet qu'il apercevait derriè re un arbre, empoigna son arme, et lâ cha lui-mê me un coup de feu en gambadant comme un poulain.
Puis on se remit en route sous les pommiers dé jà lourds de fruits, à travers l'herbe haute, au milieu des veaux qui regardaient de leurs gros yeux, se levaient lentement et restaient debout, le mufle tendu vers la noce.
Les hommes redevenaient graves en approchant du repas. Les uns, les riches, é taient coiffé s de hauts chapeaux de soie luisants, qui semblaient dé paysé s en ce lieu; les autres portaient d'anciens couvre- chefs à poils longs, qu'on aurait dits en peau de taupe; les plus humbles é taient couronné s de casquettes.
Toutes les femmes avaient des châ les lâ ché s dans le dos et dont elles tenaient les bouts sur leurs bras avec cé ré monie. Ils é taient rouges, bigarré s, flamboyants, ces châ les, et leur é clat semblait é tonner les poules noires sur le fumier, les canards au bord de la mare, et les pigeons sur les toits de chaume.
Guy de MAUPASSANT, Contes de la Bé casse.
Примечания;
1. Ее вовсю обхаживали, за ней вовсю ухаживали. La racine du mot est la cour: la cour de la ferme: la cour du roi; les courtisans font la cour au roi, ils cherchent à lui ê tre agré ables; le jeune homme fait la cour à la jeune fille: il voudrait l'é pouser, il la courtise. Il est courtois avec elle.
2. Притопывали ногами, приплясывали (familier); danser la gigue; manger un gigot (de mouton); de mê me plus bas gambadant, tiré d'un vieux mot qui veut dire jambe.
ENLISÉ!
Tout à coup le voyageur reconnaî t, avec une indicible terreur, qu'il est engagé dans la grè ve1 mouvante, et qu'il a sous lui le milieu effroyable où l'homme ne peut pas plus marcher que le poisson n'y peut nager. Il jette sоn fardeau, s'il en a un; il s'allè ge comme un navire en dé tresse; il n'est dé jà plus temps, le sable est au-dessus de ses genoux. Il appelle, il agite son chapeau ou son mouchoir, le sable le gagne de plus en plus.
Si la grè ve est dé serte, si la terre est trop loin, s'il n'y a pas de hé ros dans les environs, c'est fini, il est condamné à l'enlisement. Il est condamné à cet é pouvantable enterrement, long, infaillible, implacable, impossible à retarder ni à hâ ter, qui dure des heures, qui n'en finit pas, qui vous prend debout, libre, en pleine santé, qui vous tire par les pieds, qui fait rentrer lentement l'homme dans la terre en lui laissant le temps de regarder l'horizon, les arbres, les campagnes vertes, les fumé es des villages dans la plaine, les voiles des navires sur la mer, les oiseaux qui volent et chantent, le soleil, le ciel.
Le misé rable essaie de s'asseoir, de se coucher, de ramper; tous les mouvements qu'il fait l'enterrent; il se redresse, il enfonce; il se sent engloutir; il hurle, implore, crie aux nué es, se tord les bras, dé sespè re. Le voilà dans le sable jusqu'au ventre; le sable atteint la poitrine: il n'est plus qu'un buste. Il é lè ve les mains, jette des gé missements furieux, crispe ses ongles sur la grè ve, veut se retenir à cette cendre, sanglote fré né tiquement; le sable monte. Le sable atteint les é paules; le sable atteint le cou. La face seule est visible maintenant. La bouche crie, le sable l'emplit: silence. Les yeux regardent encore, le sable les ferme: nuit. Puis le front dé croî t, un peu de chevelure frissonne au-dessus du sable; une main sort, troue la surface de la grè ve, remue et s'agite, et disparaî t. Sinistre effacement d'un homme.
D'aprè s Victor HUGO, Les Misé rables.
Примечание:
1. = Вступил на зыбучие пески, оказался на зыбучих песках. La grè ve est le rivage de sable, ou de petits cailloux (de gravier) au bord de la mer ou d'une riviè re A Pans, il y avait, au bord de la Seine, une place qui s'appelait place de Grè ve. Les ouvriers qui n'avaient pas de travail s'y ré unissaient: ils é taient en grè ve.
DANS LA CATHÉ DRALE DE CHARTRES
Ce matin, une procession de jeunes filles m'a devancé. Il me semble que je vois respirer et se mouvoir les statues de la cathé drale. Elles sont descendues des murs pour s'agenouiller dans la nef. Quel air de parenté entre elles et ces enfants! C'est du mê me sang. Les sculpteurs de Chartres avaient longuement observé les traits et la physionomie de leurs contemporains, la contenance1, l'allure de ces simples et belles cré atures, dont les mouvements aisé s, modestes, ont tant de style naturel! Elles passent, discrè tes, montrant peu de leur beauté, dans le mystè re qu'exigent les rites, sans pouvoir né anmoins la cacher toute' à l'artiste. Ces sculpteurs ont su la voir, ils l'ont é tudié e, comprise, aimé e. Ils ont copié la douce nature du pays. Ils ont reproduit la grâ ce que Dieu a ré pandue à pleines mains sur les visages des femmes de leur temps, comme de celles du nô tre. Les saintes de pierre qui nous racontent leurs douleurs et leurs espé rances anciennes, sont de ce coin de France, et d'aujourd'hui.
Auguste RODIN Les Cathé drales de Fiance.
Примечания:
1. Манеру держаться, осанку. La contenance d'un verre = la quantité de liquide que contient ce verre. La contenance d'une personne = la maniè re dont se tient cette personne.
2. Скрыть ее всю. полностью.
3. Уроженцы, происходят из...
L АВВА YE BLANCHE
Le Soir, son ami le Silence Et le Jet d'eau discret et fin T'accueillent dans l'Abbaye blanche. Entre, et respire un temps lointain.
Des moines marchent en cadence Les bras chargé s dé jeunes fleurs. Clootre et priè re, orgue et ferveur: C'est la veille d'un beau dimanche.
| Примечания
I. Напрягаются (цепляясь). Peiner = avoir de la peine, faire de gros efforts. Les maisons sont comme des gens qui grimpent pé niblementla pente. — 2. Les sursauts de lerrain = неровности почвы Sursauter: sauter brusquement sous l'effet d'une secousse. Les pavé s iné gaux de la rue, é clairé s iné galement par le soleil, font sursauter la lumiè requi se pose sur eux. — 3. Cet enfant a de mauvais penchants= de mauvaise^ dispositions. Le boucher semble avoir choisi son mé tier par disposition natuielle, p ■ goû t du sang.
| La ville douce et monotone Est en monté e et en vallon, Les maisons peinent' tout au long, Et l'une à l'autre se cramponne.
Du soleil versé comme une eau Est dans la rue et les ruelles, Les durs pavé s qui é tincellent Semblent de lumineux sursauts2.
L'é glise, massive et muette, Est sur la place du marché, Le vent de l'hiver a penché Le beau coq de sa girouette.
La poste est noire et sans bonheur, Personne auprè s d'elle ne passe, II semble que, petite et basse, Elle soit là pour le facteur.
La boulangerie est é norme; II entre et sort de larges pains, Couleur du bois blanc des sapins, Et ronds comme des chats qui dorment.
Le boucher, que l'on croit mé chant Pour sa force rouge et tranquille, Est comme un ogre dans la ville Et son mé tier semble un penchant3.
Le libraire a quelques volumes Qui vieillissent sur ses rayons, II en vend moins que de crayons, De cahiers et de porte-plume.
L'é picerie a un auvent. Un banc, un air de bonne chance. Elle a sa table et sa balance, Ses tiroirs qu'on ouvre souvent.
Elle est prudente et tré soriè re, Pleine de soins et d'expé dients, Les gens y causent en riant, Elle se ferme la derniè re
Et quand vient le jour de Noë l, Toute enduite de neige fraî che, Elle est belle comme une crè che Et dé vote comme un autel (...).
A. de NO AILLES, L'Ombre des Jours
UN ACROBATE: LE DANSEUR DE CORDE
L'immense clameur cessa. Les chevaux de bois qui tournaient presque à vide depuis un moment s'arrê tè rent et leurs orgues se turent. L'homme venait d'apparaî tre à la lucarne. Il adressa des saluts à la ronde. Il fut sur la corde1, tenant un balancier. Il partit.
Au bout de quelques mè tres, je fermai les yeux pour ne pas voir des choses é pouvantables (...) Alors, plus torturé de ne rien voir, j'ouvris les yeux. L'homme é tait à mi-chemin. Il avait parcouru tout cela pendant le silence de mes yeux fermé s. Sous lui, la corde accusait2 un creux violent. Est-ce que la cassure n'allait pas se produire?... L'homme s'agenouilla sur son fil, fî t demi-tour dans cette position, se remit debout, et rebroussa' vers le grenier de son dé part.
Le sol, lesfenê tres, les toits hurlè rent. Ils auraient hurlé jusqu'au lendemain si l'homme avait attendu jusqu'au lendemain pour disparaî tre.
Il reparut. Il n'avait plus de balancier. Il poussait devant lui une brouette.
Cet objet familier me rendit la force de regarder. Je suivis des yeux l'attelage qui s'avanç ait dans les airs. Ce n'é taient plus les pieds de l'homme que je suivais, c'é tait la brouette. La moindre secousse pouvait la refouler de sa ligne droite. Quelle lenteur! Il me semblait que s'il atteignait le milieu de son chemin, ce serait le salut. Il y parvint. Mes transes augmentè rent. J'estimai les distances: un tiers, un quart, un cinquiè me. Les derniers tours de roue me furent un supplice.
Il y eut encore deux merveilles... L'homme revint là -haut sans objet qui pû t l'encombrer. Il tenait ses bras é tendus. Lorsqu'il fut à mi- parcours, on vit de ses mains s'envoler deux colombes. Lorsqu'il reparut pour la derniè re fois, il sema des fleurs.
Ma nuit fut effroyable. Je fis toutes les chutes qu'avait é vité es le danseur. Je disparus dans des gouffres de dix mille mè tres (...) Au ré veil, j'é tais baigné de sueur, entortillé dans mes draps comme un boudin, mais fou de joie à la pensé e de vivre encore sur la terre ferme.
Gé rard GAILLY, Le coin où le veau est mort Примечания:
1. Канат натянут между двумя домами на противоположных сторонах площади.
2. Совершенно явственно образует... т.е. прогибается.
3. Rebrousser chemin ou rebrousser = пройти обратно тем же путем.
CAMPING
Arriva un tandem monté par un couple de jeunes gens. Leurs maillots et leurs culottes courtes, leurs sacs bourré s d'ustensiles, leurs lunettes noires, la sueur mê lé e de poussiè re qui les recouvrait, tout annonç ait des touristes intré pides, dé cidé s à avaler des centaines de kilomè tres et à coucher à la belle é toile pour passer de saines et belles vacances.
C'é taient M. Pomponnet, professeur de physique, et madame.
«Oh! dit madame, le joli petit bois!... et comme je suis fatigué e!
— Arrê tons-nous ici, dit monsieur, et montons notre tente pour la nuit(...)
— Oh! dit encore madame, regarde!»
Et elle montrait des pierres adroitement disposé es sous les arbres; une ronde et plate pour la table, et quatre ou cinq autres autour en guise de chaises, avec de la mousse les recouvrant comme du velours.
«On dirait que ces pierres ont é té placé es là à notre intention: c'est une salle à manger toute trouvé e, style â ge des cavernes'.
— De nombreux touristes doivent s'arrê ter ici, reprit Mme Pomponnet, car ta salle à manger me paraî t plutô t mal tenue.
— Nettoyons-la...»
Et les deux cyclistes, ayant dressé leur tandem contre un platane, se mirent en devoir de ramasser dans l'herbe boî tes de fer-blanc, papiers gras, é tuis de cigarettes, coquilles d'œ ufs, bouteilles laissé s là par d'autres voyageurs.
Ensuite ils entreprirent de monter la tente: c'é tait une opé ration difficile, tant il y avait de plis, de replis, de cordes, de cordons, de ficelles, et aussi à cause des pierres malignes qui empê chaient les piquets de pé né trer dans le sol.
A la fin, cela tint debout. On gonfla le matelas, on accrocha la lanterne.
M. Pomponnet, s'é tant redressé pour s'é ponger le front, vit qu'une douzaine de galopins du village é taient là, planté s comme des quilles, à les regarder.
«Messieurs, leur dit-il, nous aimons la solitude: allez voir ailleurs si j'y suis».
Les gamins ne bougè rent pas.
«Messieurs, leur dit encore M. Pomponnet, savez-vous que je suis professeur? Le premier que j'attrape, je lui fais ré citer la table de multiplication».2
A ces mots, les enfants battirent prudemment en retraite. Seul, un chien s'attardait, curieux de voir ce qu'on allait manger; il fallut lui jeter des pierres, et il s'en alla à regret, en se promettant visiblement de revenir...
L. BOURLIAGUET. Justin chez les Hommes.
Примечания;
1. On dit: un fauteuil style Louis XV, un bahut style Renaissance: d'où l'expression une salle à manger style «â ge des cavernes», т.е. в пещерном сгиле, в стиле каменного века.
2. Таблицу умножения.
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