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Alexandrine Daru par David, qu'il courtise longuement en vain. À Paris il retrouve Alexandrine Daru, dont il tente d’interpreter le moindre geste comme une preuve d’inté rê t pour lui. Martial le propose comme auditeur au Conseil d'É tat, son pè re lui fournissant le revenu né cessaire à la fonction. Profitant d’un moment d'inactivité, Henri lit, fré quente les café s et les salons où il é prouve «la plus grande quantité d’ennui pur35.» Le 10 mai 1810 on lui ordonne de rejoindre Lyon. Il dé cide d'ignorer cet ordre, et continue à fré quenter les thé â tres, à lire, à se promener, et à é crire: il reprend sa comé die qu'il ne finira jamais, Letellier. Il projette d'é crire des biographies de peintres ou de musiciens afin de pallier les ignorances de ses contemporains. Il alterne moments de bonheur et mé lancolie. Il lui manque une maî tresse et les î les Borromé es36. Il est officiellement nommé auditeur au Conseil d'É tat par dé cret le 1er aoû t 1810, puis, le 22 aoû t, il devient inspecteur de la comptabilité des Bâ timents et du Mobilier de la Couronne. Il est chargé de l'inventaire des œ uvres d'art des musé es et palais impé riaux. Il s'est acheté un cabriolet à la mode, des cachets à ses initiales, loue un appartement plus conforme à son nouveau statut, qu'il partage avec un beau jeune homme, Louis de Bellisle. Sa situation sociale met fin a ses soucis financiers et lui fait espé rer la baronnie, mais le laisse insatisfait: «Ce bonheur d’habit et d’argent ne me suffit pas, il me faut aimer et ê tre aimé 37.» Et puis cet emploi lui prend son temps, ses moments de plaisir et de ré flexion: «Les affaires me pillent mon temps, je n'en ai pas pour huit à dix heures de travail; cependant, je ne puis pas suivre un travail particulier. Le travail de ré flé chir, du moins pour moi, ne se prend pas et ne se quitte pas comme un habit: il faut toujours une heure de recueillement, et je n'ai que des moments38». Depuis le 29 janvier 1811, il passe ses nuits avec Angelina Bereyter, une chanteuse d’opé ra. Il ne peut s’empê cher d’y voir des inconvé nients: «Mon bonheur physique avec Angela m’a ô té beaucoup de mon imagination 39.» Il rê ve toujours d’Italie et voudrait qu'on l’envoie en mission à Rome, mais c’est Martial Daru qui y est envoyé. Le 17 mars 1811, il invente pour lui-mê me la notion de Beylisme dans son Journal: «Crozet est toujours amoureux d’A., conduisant sa barque comme un niais, et il en est triste et attristant. C’est ce que je lui dis sans cesse à lui-mê me pour le rendre un peu beyliste. Mais il regimbe. La volupté n’aura jamais en lui un adorateur vé ritable, et il me semble presque irré vocablement dé voué à la tristesse et à la considé ration qu’elle procure chez ce peuple de singes40.» Le 31 mai il trouve enfin le courage, aprè s de longues hé sitations qui le tourmentent, de se lancer dans la bataille et d'oser se dé clarer à Alexandrine, lors d'un sé jour dans le châ teau des Daru de Becheville: Elle est troublé e mais lui ré pond qu'il ne doit voir en elle qu'une cousine qui a de l'amitié pour lui. Il va se coucher, partagé entre la peine et le soulagement de n'avoir plus de remords. Au moment de quitter Becheville, il tente de plaisanter malgré son chagrin: «J'avais besoin de rire, car je me sentais une violente envie de pleurer41.» Triste, dé ç u, ennuyé par Angelina Bereyter qu'il ne dé sire plus, il demande, en aoû t, un congé de quelques jours à Pierre Daru. En ré alité, il a pris une place dans une diligence pour Milan. Milan, Angela et l’Italie, 1811 Carl Wilhelm Gö tzloff, vue de la baie de Naples depuis le Pausilippe, 1837 Il arrive à Milan le 7 septembre, y retrouve les é motions de sa jeunesse mê lé au souvenir Angela Pietragrua: «Je ne puis faire un pas dans Milan sans reconnaitre quelque chose, et, il y a onze ans, j’aimais ce quelque chose parce qu'il appartenait à la ville qu’elle habitait42.» Il se rend chez elle et lui avoue l’avoir aimé e. Elle en est touché e et l’introduit dans les meilleurs salons de la ville. Ils se voient ré guliè rement, chez elle dans la journé e, à la Scala le soir. Henri est à nouveau amoureux. Il est furieux contre lui-mê me de ne pas oser se dé clarer, et finit, le 12 septembre, par tout lui confier. Ils s’embrassent mais elle ne veut aller plus loin. Henri est dé ç u: «Elle m’aime et l’ennui me saisit. C’est avoir en soi un principe de malheur43.» Il dé cide de partir le 22 septembre pour visiter l’Italie. Victoire juste avant son dé part, le 21 ils sont amants. Il en inscrit la date et l’heure sur ses bretelles. Il visite Bologne et Florence, qui le dé ç oivent, puis Rome où il est bouleversé par le Colisé e. Il y rencontre Martial Daru, qui le presse de rentrer à Paris où son congé prolongé n’est pas du goû t de son frè re, Pierre. Mais Henri poursuit sa route et arrive à Naples dé but octobre. S’il n’aime pas le peuple Napolitain, qu'il juge bruyant, ni la musique, ennuyeuse, il gardera un souvenir impé rissable du Pausilippe. Aprè s avoir visité Pompei et Herculanum, il rentre à Milan, visite Parme et revoit les î les Borromé es. Il retrouve Angela à Varè se. Elle est inquiè te, pré tendant que son mari est au courant de leur liaison. Henri soupç onne plutô t un autre amant. Il rentre à Paris le 27 novembre 1811. L’accueil glacial de Pierre Daru ne l’empê che pas de retrouver ses activité s à l’intendance de la Maison de l’Empereur, ainsi que sa vie de couple avec Angelina Bereyter, qui l’ennuie toujours un peu. Le 4 dé cembre, Henri commence l’é criture de l’Histoire de la Peinture en Italie, se documentant à la Bibliothè que Impé riale. Mais la guerre avec la Russie se pré pare. Elle est officielle le 8 avril 1812, avec l’ultimatum d’Alexandre Ier.
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