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Détresse de madame Bovary






Emma BOVARY est-elle vraiment, comme l'a affirmé Albert Thibaudet, «la
femme franç aise moyenne la plus proche de la lectrice franç aise de romans»?
Peut-ê tre. En tout cas, elle fut, pendant un certain temps, la provinciale type,
la femme dont le cœ ur romantique (et de surcroî t nourri de lectures roma-
nesques) est dé ç u par la mé diocrité d'un mari sans ambition et la platitude
d'une vie quotidienne dé pourvue de toute poé sie.

Au fond de son â me, cependant, elle attendait un é vé nement. Comme
les matelots en dé tresse, elle promenait sur la solitude de sa vie des yeux
dé sespé ré s, cherchant au loin quelque voile blanche dans les brumes de
l'horizon. Elle ne savait pas quel serait ce hasard, le vent qui le pousserait
jusqu'à elle, vers quel rivage il la mè nerait, s'il é tait chaloupe ou vaisseau
à trois ponts, chargé d'angoisses ou plein de fé licité s jusqu'aux sabords1.
Mais, chaque matin, à son ré veil, elle l'espé rait pour la journé e, et elle
é coutait tous les bruits, se levait en sursaut, s'é tonnait qu'il ne vî nt pas,
puis, au coucher du soleil, toujours plus triste, dé sirait ê tre au lendemain.

Le printemps reparut. Elle eut des é touffements aux premiè res chaleurs,
quand les poiriers fleurirent*.

Dè s le commencement de juillet, elle compta sur ses doigts combien de
semaines lui restaient pour arriver au mois d'octobre, pensant que le
marquis d'Ander-villiers, peut-ê tre, donnerait encore un bal à la
Vaubyessard2. Mais tout septembre s'é coula sans lettres ni visites.

Aprè s l'ennui de cette dé ception, son cœ ur de nouveau resta vide, et
alors la sé rie des mê mes journé es recommenç a.


Elles allaient donc maintenant se suivre à la file, toujours pareilles,
innombrables, et n'apportant rien! Les autres existences, si plates qu'elles
fussent, avaient du moins la chance d'un é vé nement. Une aventure amenait
parfois des pé ripé ties à l'infini, et le dé cor changeait. Mais, pour elle, rien
n'arrivait. Dieu l'avait voulu! L'avenir é tait un corridor tout noir, et qui
avait au fond sa porte bien fermé e. Elle abandonna la musique. Pourquoi
jouer? Qui l'entendrait? Puisqu'elle ne pourrait jamais, en robe de velours
à manches courtes, sur un piano d'Erard', dans un concert, battant de ses
doigts lé gers les touches d'ivoire, sentir, comme une brise, circuler autour
d'elle un murmure d'extase, ce n'é tait pas la peine de s'ennuyer à é tudier.
Elle laissa dans l'armoire ses cartons à dessin et la tapisserie. A quoi bon?
à quoi bon? La couture l'irritait. «J'ai tout lu», se disait-elle. Et elle restait
à faire rougir les pincettes, en regardant la pluie tomber**.

GUSTAVE FLAUBERT. Madame Bovary (1857).
Примечания:

1. Пушечные порты, прорези для орудий в борту корабля. 2. Соседний замок, в ко-
торый Эмма была приглашена на бал в октябре прошлого года. 3. Эрар Себастьен
(1752 - 1831), знаменитый французский мастер, изготавливавший музыкальные инст-
рументы, основатель мануфактуры по производству пианино.

Вопросы:

* Pourquoi ce dé tail: «Quand les poiriers fleurirent»?

** «L'ennui» dont souffre Emma Bovary ne ressemble-t-il pas au fameux «mal du
siè cle» des romantiques? René, aussi, avait «tout lu».






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