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Paris et la province






Enverse la province, Paris n'é prouvait, hierencore, qu'un peu de pitié dé daigneuse:
elle manquait d'aisance, d'allure, de chic; qu'il s'agî t de peinture, de musique, ou,
plus simplement, de mode, elle é tait toujours en retard d'une saison ou deux. Ah!
«faire province», quelle condamnation dans une bouche parisienne!..
Et c'est un peu ce que signifie cette page de FRANÇ OIS MAURIAC. Mais elle
exprime aussi la province, paisible et laborieuse, dont les fils les mieux doué s
viennent d'ailleurs renouveler sans cesse le sang de l'ingrate capitale. Il faut,
comme FRANÇ OIS MAURIAC, avoir é té soi-mê me arraché au vieux terroir
franç ais, pour comprendre tout ce qu'il y a de grave, de profond, d'ineffaç able
dans une vie dont l'enfance fut marqué e du sceau provincial.

Paris est une solitude peuplé e; une ville de province esttln dé sert sans
solitude*.

Un provincial intelligent souffre à la fois d'ê tre seul et d'ê tre en vue. Il
est le fils un Tel, sur le trottoir de la rue provinciale, il porte sur lui, si l'on
peut dire, toute sa parenté, ses relations, le chiffre de sadotet de ses
espé rances1. Tout le monde-le voit, le connaî t, l'é pie; mais il est seul (...).

La conversation est un plaisir que la province ignore. On se ré unit pour
manger ou pour jouer, non pour causer.

Cette science des maî tresses de maison, à Paris, pour ré unir des gens
qui, sans elle, se fussent ignoré s, et qui leur seront redevables du bonheur
de s'ê tre connus, cet art de doser la science, l'esprit, la grâ ce, la gloire, est
Profondé ment inconnu de la province (...).

Certes la bonne socié té provinciale ne compte pas que des sots: et un
important chef-lieu ne saurait manquer d'hommes de valeur. Si donc ces
sortes de ré unions qui font l'agré ment de la vie à Paris, paraissent


impossibles ailleurs, la faute en est à cette terrible loi de la province: on
n'accepte que les -politesses qu'on peut rendre.
Cet axiome tue la vie de
socié té et de conversation.

A Paris, les gens du monde qui possè dent quelque fortune et un train de
maison, jugent qu'il leur appartient de ré unir des ê tres d'é lite, mais non de la
mê me é lite. Ils s'honorent de la pré sence sous leur toit d'hommes de talent.
Entre les maî tres de maison, fussent-ils de sang royal, et leurs invité s, c'est un
é change où chacun sait bien que l'homme de gé nie qui apporte son gé nie,
l'homme d'esprit qui apporte son esprit ont droit à plus de gratitude.

Ainsi reç us et honoré s, les artistes, les é crivains de Paris n'ont point
cette mé fiance des «intellectuels» de province guindé s, gourmé s, hostiles
dè s qu'ils sortent de leur trou.

En province, un homme intelligent, et mê me un homme supé rieur, sa
profession le dé vore. Les trè s grands esprits é chappent seuls à ce pé ril.

A Paris, la vie de relations nous dé fend contre le mé tier. Un politicien
surmené, un avocat cé lè bre, un chirurgien savent faire relâ che pour causer
et fumer dans un salon où ils ont leurs habitudes.

Un avocat provincial se croirait perdu d'honneur si le public pouvait
supposer qu'il dispose d'une soiré e: «Je n'ai pas une heure à moi...», c'est le
refrain des provinciaux: leur spé cialité les ronge.

Province, gardienne des morts que j'aimais. Dans la cohue de Paris,
leurs voix ne parvenaient pas jusqu'à moi; mais te voici soudain, toi,
pauvre enfant; nous avons suivi cette allé e, nous nous é tions assis sous ce
chê ne, nous avions parlé de la mort.

Le vacarme de Paris, ses autobus, ses mé tros, ses appels de té lé phone,
ton oreille n'en avait jamais rien perç u; — mais ce que j'é coute ce soir, sur
le balcon de la chambre où tu t'é veillais dans la joie des cloches et des
oiseaux, ce sanglot de chouette, cette eau vive, cet aboi, ce coq, ces coqs
soudain alerté s jusqu'au plus lointain de la lande, c'est cela mê me, et rien
d'autre, qui emplissait ton oreille vivante; et tu respirais, comme je le fais
ce soir, ce parfum de ré sine3 de ruisseau, de feuilles pourries**. Ici la vie
a le goû t et l'odeur que tu as savouré s quand tu é tais encore au monde.

FRANÇ OIS MAURIAC. La Province.

Примечания:

1. То есть надежд на получение наследства от родственников после их смерти
2. Надутых, чопорных, неестественных. 3. Смолы сосен, растущих в Ландах.


Вопросы:

* Commentez cette, maxime vigoureuse.Que pensez-vous de ce genre litté raire, que
vous pouvez trouver é galement dans les extraits de
La Rochefoucauld et de Brillat-Savarin?

** Montrez la force é motionnelle des dé monstratifs contenus dans cette phrase. --
Quels personnages l'auteur dé signe-t-il par toi, nous? En quoi ce procé dé d'expression
est-il
heureux?






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