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Amours d’escale






CONTES HUMORISTIQUES

Tome I

 


Table des matiиres

 

Amours d’escale. 5

Royal Cambouis. 11

L’autographe homicide. 15

Colydor. 21

Phares. 27

Faits-divers et d’йtй. 32

Loufoquerie. 37

Postes et tйlйgraphes. 42

Pиte-sec. 46

Le Post-scriptum ou Une petite femme bien obйissante. 53

Le langage des fleurs. 59

Le Pauvre Bougre et le bon gйnie. 66

Blagues. 70

Un point d’histoire. 75

Inanitй de la logique. 79

Bizarroпde. 81

Le bahut Henri II. 83

Le truc de la famille. 90

Un clichй d’arriиre-saison. 93

Un fait-divers. 96

Arfled. 98

Black Christmas. 103

I Prologue. 103

II Le rкve d’un nиgre. 103

III La belle quarteronne. 104

IV Ce qu’йtait Mathias. 105

V Le rйveillon. 106

VI Les larmes d’un nиgre. 107

VII Mathias continue de pleurer. 108

VIII Apothйose. 108

Suggestion. 110

Йtourderie. 113

Fausse manњuvre. 117

La bonne fille. 124

La vie drфle. 128

Le mariage manquй. 132

Le nommй Fabrice. 136

L’inespйrй bonne fortune. 140

La valse. 144

Nature morte. 151

Une mort bizarre. 156

La nuit blanche d’un hussard rouge (monologue pour cadet). 160

Le veau Conte de Noлl pour Sara Salis. 167

Pour en avoir le cњur net 170

Crime russe. 172

Le drame d’hier. 176

Loup de mer. 180

А propos de cette йdition йlectronique. 184

 

Amours d’escale

Le capitaine Mac Nee, plus gйnйralement connu dans la marine йcossaise sous le nom de capitaine Steelcock, йtait ce qu’on appelle un gaillard. Un charmant gaillard, mais un rude gaillard.

 

Sa taille se composait de six pieds anglais et de deux pouces de mкme nationalitй, ce qui йquivaut, dans notre cher systиme mйtrique, а deux mиtres et quelques centimиtres.

 

Fort йlйgant, impassible comme la statue de Nelson, aimant les femmes jusqu’а l’oubli des devoirs les plus йlйmentaires, Steelcock йtait un des rares hommes de la marine йcossaise portant le monocle avec autant de parti pris. Les hommes du Topsy-Turvy, un joli trois-mвts dont il йtait maоtre aprиs Dieu, prйtendaient mкme qu’il couchait avec.

 

Personne, d’ailleurs, dans l’йquipage du Topsy-Turvy, ne se souvenait avoir vu Steelcock se mкler de quoi que ce fыt qui ressemblвt а un commandement ou а une manњuvre.

 

Les mains derriиre le dos, toujours йlйgamment vкtu, quelles que fussent les perturbations mйtйorologiques, il se promenait sur le pont de son navire, avec l’air flвneur et dйtachй que prennent les gentlemen d’Йdimbourg dans Princes-Street.

 

Chaque fois que son second, un de ces vieux salйs de Dundee pour qui la mer est sans voile et le ciel sans mystиre, lui communiquait le «point», Steelcock s’efforзait de paraоtre prodigieusement intйressй, mais on sentait que son esprit йtait loin et qu’il se fichait bien des longitudes et latitudes par lesquelles on pouvait se trouver.

 

Ah! oui, il йtait loin, l’esprit de Steelcock! Oh! combien loin!

 

Steelcock pensait aux femmes, aux femmes qu’il venait de quitter, aux femmes qu’il allait revoir, aux femmes, quoi!

 

Des fois, il demeurait durant des heures, appuyй sur le bastingage, а contempler la mer.

 

S’attendait-il а ce que, soudain, йmergeвt une sirиne, ou ne voyait-il dans l’onde que la cruelle image de la femme? Les flots ne symbolisent-ils pas bien – des poиtes l’ont observй – les changeantes bкtes et les dйconcertantes trahisons des femmes? (Attrape, les dames!).

 

Dиs que la terre de destination йtait signalйe, Steelcock cessait d’кtre un homme pour devenir un cyclone d’amour, un cyclone d’aspect tranquille, mais auprиs duquel les pires ouragans ne sont que de bien petites brises.

 

Aussitфt le navire а quai, Steelcok filait, laissant son vieux forban de second se dйbrouiller avec la douane et les ship-brokers, et le voilа qui partait par la ville.

 

N’allez pas croire au moins que le distinguй capitaine se jetait, tel un fauve, sur la premiиre chair а plaisir venue, comme il s’en trouve trop, hйlas! dans les ports de mer.

 

Oh! que non pas! Steelcock aimait la femme pour la femme mais il l’aimait aussi pour l’amour, rien ne lui semblant plus dйlicieux que d’кtre aimй exclusivement, et pour soi-mкme.

 

Avec lui, du reste, зa ne traоnait pas; il aimait tant les femmes qu’il fallait bien que les femmes l’aimassent.

 

Les aventures venaient toutes seules а ce grand beau gars. Et puis, le monocle bien portй jouit encore d’un vif prestige dans les colonies et autres parages analogues.

 

Un jour pourtant, cette ridicule manie lui passa de vouloir (comme si c’йtait possible!) qu’une femme aimвt lui tout seul.

 

C’йtait а Saint-Pierre (Martinique).

 

Steelcock avait fait connaissance de la plus dйlicieuse crйole qu’on pыt rкver.

 

Il faudrait arracher des plumes aux anges du bon Dieu et les tremper dans l’azur du ciel pour йcrire les mots qui diraient les charmes de cette jeune femme. (Le lecteur comprendra que je m’abstienne de cette opйration cruelle et peu а ma portйe, pour le moment).

 

Bref, Steelcock fut а mкme de connaоtre l’extase, comme si l’extase et lui avaient gardй les cochons ensemble.

 

C’est bкte, mais c’est ainsi: les moments heureux coulant plus vite que les autres (mon Dieu, comme la vie est mal arrangйe!), le moment du dйpart arriva, et Steelcock ne pouvait se dйcider а quitter l’idole.

 

Le Topsy-Turvy йtait en rade, parй а prendre le large, n’attendant plus que son capitaine.

 

Steelcock enfin prit son parti.

 

Suprкmement, il embrassa la crйole et lui mit dans la main un certain nombre de livres sterling, en s’excusant de cette brutalitй, le temps lui ayant manquй pour acquйrir un cadeau plus discret.

 

La jeune femme compta les piиces d’or et les mit dans sa poche d’un air pas autrement satisfait.

 

– Pensez-vous, demanda Steelcock un peu interloquй, que cette somme n’est pas suffisante (sufficient)?

 

Et l’idole rйpondit, dans ce dйlicieux gazouillis qui sert de langage aux filles de lа-bas:

 

– Oh si! toi, tu es bien gentil… mais c’est ton second qui me pose un sale lapin!

 

Cette rйvйlation porta un grand coup dans le cњur du capitaine. Un voile se dйchira en lui, et il vit ce que c’est que les femmes, en dйfinitive.

 

Dиs lors, il ne chercha plus l’exclusivitй dans l’amour, se contentant sagement de l’hygiиne et du confortable.

 

Quand il dйbarqua dans les pays, tout droit il alla chez les amoureuses professionnelles, comme on va chez le marchand de conserves et de porc salй.

 

Et il ne s’en trouva pas plus mal.

 

Derniиrement il fut amenй а relвcher dans une des оles Lahila (possessions luxembourgeoises).

 

Les оles Lahila sont rйputйes dans tout le Pacifique, tant pour la beautй de leur climat que pour le relвchement de leurs mњurs.

 

Un jeune lieutenant de vaisseau, M. Julien Viaud, qui s’est fait depuis une certaine notoriйtй sous le nom de Pierre Loti, en йcrivant des rйcits exotiques fort bien tournйs, ma foi, a composй l’Hymne national de cette contrйe bйnie.

 

Je n’en ai retenu que le refrain:

 

оles Lahila! оles Lahila!

La bonne atmosphиre

оles Lahila! оles Lahila!

Qu’ont toutes ces оles-lа!

 

Steelcock, а peine а terre, s’informa d’un bon endroit.

 

On lui indiqua complaisamment, derriиre la ville, une avenue bordйe d’йlйgants cottages dont les inscriptions respiraient le bon accueil et l’hospitalitй bien entendue: Welcome House, Good Luck Home, Eden Villa, Pavillon Bonne Franquette.

 

Steelcock avait toujours eu un faible pour les dames de France. Aussi pйnйtra-t-il rйsolument dans le Pavillon Bonne Franquette.

 

Il y fut reзu par une ancienne dame de Bordeaux, un peu dйfraоchie, qui le prйsenta а ses pensionnaires.

 

Charmantes, les pensionnaires, et pleines d’enjouement.

 

Steelcock tomba dans les lacs d’une petite Toulonnaise, noire comme une taupe, qui aurait beaucoup gagnй а кtre mieux peignйe, mais bien gentille tout de mкme.

 

Les amoureux se retirиrent et ce qu’ils firent pendant la nuit ne regarde personne.

 

Au petit matin (vous pouvez vous reporter aux journaux de l’йpoque) un tremblement de terre dйvasta les оles Lahila.

 

Le Pavillon Bonne Franquette n’йchappa pas au dйsastre.

 

Les dames eurent а peine le temps de s’enfuir en des costumes lйgers mais professionnels.

 

Seuls, Seelcock et sa compagne manquaient а l’appel.

 

On commenзait а avoir des inquiйtudes sйrieuses sur les infortunйs, quand on vit apparaоtre, а travers une crevasse de la maison, le capitaine couvert de plвtras, mais impassible et le monocle а l’њil.

 

Dites mйdиme, cria Steelcock а la dame de Bordeaux, envoyez-moi une autre fille! La mienne, elle est mфrt!

 






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