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A la fonderie






La France est l'un des pays qui comptent le plus de femmes travaillant à la
terre, à l'usine, au bureau. Ce travail est souvent trè s rude, parfois mê me
inhumain, comme l'a montré SIMONE WE1L, cette intellectuelle courageuse qui
n'a pas craint de s'embaucher dans une usine de fonderie pour y faire
l'expé rience personnelle de la condition ouvriè re.

Imagine-toi1 devant un grand four, qui crache au-dehors des flammes et
des souffles embrasé s que je reç ois en plein visage. Le feu sort de cinq ou six
trous qui sont dans le bas du four. Je me mets en plein devant pour enfourner
une trentaine de grosses bobines de cuivre qu'une ouvriè re italienne, au
visage courageux et ouvert, fabrique à cô té de moi; c'est pour les trams2 et les
mé tros, ces bobines. Je dois faire bien attention qu aucune des bobines ne
tombe dans un des trous, car elle y fondrait; et pour ç a, il faut que je me
mette en plein en face du four, et que jamais la douleur des souffles
enflammé s sur mon visage et du feu sur mes bras (j'en porte encore la
marque) ne me fasse faire un faux mouvement. Je baisse le tablier du four;
j'attends quelques minutes; je relè ve le tablier, et avec un crochet je relè ve les
bobines passé es au rouge, en les attirant à moi trè s vite (sans quoi les
derniè res retiré es commenceraient à fondre), et en faisant bien attention
encore qu'à aucun moment un faux mouvement n'en envoie une dans un des
trous. Et puis ç a recommence. En face de moi, un soudeur, assis, avec des
lunettes bleues et un visage grave, travaille minutieusement; chaque fois que
la douleur me contracte le visage, il m'envoie un sourire triste, plein de
sympathie fraternelle, qui me fait un bien indicible. De l'autre cô té, une
é quipe de chaudronniers travaille autour de grandes tables; travail accompli
en é quipe, fraternellement, avec soin et sans hâ te; travail trè s qualifié, où il
faut savoir calculer, lire des dessins trè s compliqué s, appliquer des notions de
gé omé trie descriptive. Plus loin, un gars costaud3 frappe avec une masse sur
des barres de fer en faisant un bruit à fendre le crâ ne. Tout ç a, dans un coin,
tout au bout de l'atelier, où on se sent chez soi, où le chef d'é quipe et le chef
d'atelier ne viennent pour ainsi dire jamais. J'ai passé là 2 ou 3 heures, à 4
reprises (je m'y faisais de 7 à. 8 fr l'heure — et ç a compte, ç a, tu sais!). La
Premiè re fois, au bout d'i heure 1/2, la chaleur, la fatigue, la douleur m'ont fait
Perdre le contrô le de mes mouvements. Voyant ç a, tout de.suite, un des
chaudronniers (tous de chics types) s'est pré cipité pour le faire à ma place. J'y
retournerais tout de suite, dans ce petit coin d'atelier, si je pouvais (ou du
moins dè s que j'aurais retrouvé des forces). Ces soirs-là, je sentais la joie de
Ranger un pain qu'on a gagné *.

SIMONE WEIL. La Condition ouvriè re (publié en 1951)


Примечания:

1. Данный текст представляет собой фрагмент письма подруге. 2. Abré viation
populaire; tramways. 3. Familier: un garç on vigoureux.

Вопросы:

* Relever dans cette page les expressions familiè res, les tournures populaires. —.
La derniè re phrase ne trahit-elle pas comme un sentiment de culpabilité? Ne pensez-vous
pas que l'intellectuel mé rite
son pain tout comme un autre travailleur?

HOMMAGE A COLETTE (1873-1954)

colette n 'aura pas é té seulement un des plus grands é crivains franç ais de son
temps. Elle aura eu surtout le mé rite de rester profondé ment fidè le à sa nature
de femme, et, par là, de dé gager toutes les ressources, toute l'originalité du
gé nie fé minin. LÉ ON-PAUL FARGUE, qui l'a bien connue, lui a rendu le plus juste
et le plus sensible hommage.

Je la vois et la verrai toujours, Colette de Montigny-en-Fresnois1, tantô t
à Paris, planté e en plein cœ ur du Palais-Royal2 comme une rosé dans une
boutonniè re, tantô t à La Treille Muscate, sa maison de Saint-Tropez3
toujours la mê me, avec cette sensualité exacte et brusque, cet amour de la
vie de tous les jours, une lucidité inflexible. Je l'entends et l'entendrai
toujours ré sumer son existence à grands traits:

«Je travaille et je peine. C'est un mé tier de forç at que de s'enfermer
chaque jour pour é crire, alors qu'il fait si beau, que l'on se sent invité e
à tout instant. Tenez, venez voir ma vigne... J'ai fait douze cents bouteilles
l'anné e derniè re!.. Et mon potager? Je bê che moi-mê me, mais avant huit
heures du matin. Aprè s, c'est l'encrier. Mais regardez donc mes tomates,
mes artichauts. Je mange trè s peu, et jamais de viande en é té. Des fruits,
des lé gumes, un poulet de temps en temps. La sagesse, quoi!»

D'autres jours, elle parle de la correspondance de ses innombrables
lectrices: «Elles se racontent avec confiance, interrogent, é coutent. L'une
me demande un chat; l'autre, appauvrie, se lamente de devoir dé mé nager et
quitter son chien. Regardez: une grande é criture extraordinaire, qui se
heurte aux bords du papier comme un oiseau affolé, croise ses lignes, se
brise, revient sur elle-mê me. C'est celle d'une amie inconnue et dé sespé ré e
qui me crie: «Madame, est-ce que vous «pensez qu'il reviendra?» Et mille
conversations encore touchant les odeurs de la Provence ou de la rue
Vivienne, le Petit Chaperon Rouge, les lé zards vifs comme des envies, la
neige vivante des Alpilles, le soleil sur les seuils de ces villages du midi


rangé s comme des noces sur le passage de la lumiè re, les chè vres, l'ail, le
velours, la confiture, la chaleur blanche ou rosé des plats cuisiné s qui
attendent sur la table, la couleur du vin, desyeux, des soirs*. Et ce qu'elle
é crivit elle-mê me un jour sur le voyage revient à ma mé moire pé riodique-
ment, comme un refrain où je la retrouve toute: «Il n'est de dé part que vers
le soleil. Il n'est de voyage qu'au-devant d'une lumiè re accrue; c'est avoir
obtenu de la vieillesse le seul ré pit qu'elle puisse donner, que de
s'arrê ter— encore un instant, encore un instant! — sous un ciel où le
temps, suspendu et rê veur au haut d'un azur immobile, nous oublie...»

Et je flaire dans cette sensibilité celle de toutes les femmes franç aises,
mes compagnes. (...) Ses traits reconnaissables entre mille, son style aux
tendresses obscures et spontané es, cet amour si juste et si mesuré jusque
dans ses emportements, le goû t des images, des verbes, de l'interrogation
bien placé e dans la phrase, tout cela est fé minin et franç ais et l'on
comprend bien pourquoi, dans les bibliothè ques provinciales, chez un
docteur, un marchand de vins, un horticulteur, ce sont les livres de Colette
qui ré vè lent le plus de ferveur et d'attention. Mê me des passages entiers
sont gravé s dans la mé moire de quelque maî tresse de maison, é blouie par
une faç on de dire qui serait la sienne s'il n'y avait pas ces quelques mè tres
à franchir, ce rien, cet invisible abî me qui la sé pare du gé nie.

Et le gé nie de Colette, que les Franç aises sentent si voisin du leur, de la
mê me famille et de la mê me essence, est pré cisé ment de ré pondre à toutes
les questions de la vie inté rieure de la faç on la plus stricte, comme une
Pythie5 gé né reuse. Elle est infaillible. Ce qu'elle dit du dé vouement, des
joies, des plantes aromatiques, des chenilles posé es comme des
brandebourgs6 sur les doirnans7 de la nature, d'un verre d'eau fraî che, des
chiens errants, des mé ditations interminables et laineuses8 du chat, des
cadeaux, de la pluie, de l'enclume aux oreilles pointues, du chagrin secret
de celles qui se sont trompé es de regard, oui, ce qu'elle dit de cette
horlogerie dans laquelle nous sommes embarqué s avec nos sentiments,
semble surgir d'un code. Quelques critiques ont cru soulever une montagne
en é crivant qu'on ne trouvait pas chez Colette, incomparable artiste, grand
poè te et grand peintre, de ré ponses, mê me incertaines, aux durs, aux
tragiques problè mes de la condition humaine, qu'elle ne prenait jamais
parti dans les querelles qui mettent aux prises nos contemporains**. Et
c'est de cela que les Franç aises la louent. Car il n'y a pas de problè mes!
Tous se sont dé jà pré senté s, et tous ont é té ré solus. C'est le coefficient qui
change, et Colette le sait bien, mieux que personne***.

lé on-paul FARGUE. Portraits de Famille (1947).


Примечания:

1. В действительности Колетта родилась в Сен-Савёр-ан-Пюизе (департамент Йон
на). Невольная ошибка, происшедшая от того, что Клодина, самая известная героиня
Колетты, прообразом которй считалась сама писательница, родилась в Монтиньи
2. Там Колетта жила в конце жизни, там же и умерла. 3. Город-курорт в Провансе. на
берегу моря. 4. Мужчина, который бросил корреспондентку Колетты. 5. Пифия — в
древней Греции жрица-прорицательница в храме Аполлона в Дельфах. Иносказатель-
но — прорицательница. 6. Бранденбуры — галуны или петли из витых галунов на
мундирах. 7. Гусарский мундир, расшитый галунами. 8. То есть спутанные и мягкие
как непряденая шерсть.

Вопросы:

* Cette phrase ne fourrait-elle pas ê tre signé e de Colette elle-mê me? Montrez qu'elle
é voque à merveille ce qu 'on pourrait appeler la
sensualité de cet é crivain.
** Que fiensez-vous, vous-mê me, de ce
grief?

*** D'aprè s ce que vous pouvez connaî tre de l'œ uvre de Colette, trouvez-vous que ce
portrait soit
juste et complet?

MES «TRENTE-HUIT HEURES»

de tous les sports, l'aviation est sans doute celui où les Franç aises se sont le
plus souvent distingué es: Maryse Bastié, Hé lè ne Boucher, Jacqueline Auriol en
ont fourni des preuves indiscutables. Plus ré cemment la •parachutiste Colette
Duval battait le record du monde de hauteur en chute libre, parachute ouvert à
250 mè tres du sol. Le ré cit, où MARYSE BASTIÉ conte l'exploit qui lui valut de
ramener «d'un seul coup à la France trois records de duré e», fait ressortir
avec force l'é nergie et l'endurance de l'indomptable aviatrice.

La seconde nuil: fut effroyable. Je l'abordais1 au bout de trente heures:
encore aujourd'hui, lorsque je l'é voque, j'ai des frissons ré trospectifs et je
crois que je recommencerais n'importe quoi, sauf ç a!.. C'est indicible... il
faut l'avoir vé cu — et personne ne l'a vé cu — pour comprendre.

Le soleil s'est couché, le veinard2!.. Moi, je dois tourner encore et
toujours... Je me fais l'effet d'une damné e dans un cercle infernal... Depuis
des heures et des heures, attaché e dans mon é troite carlingue3 mes pieds ne
pouvant quitter le palonnier4, ma main droite ne pouvant lâ cher le manche
à balai5 je subis cette effarante immobilité qui m'ankylose et me supplicie.

Muscles, nerfs, cerveau, cœ ur, tout chez moi me paraî t atteint: il n'y
a que la volonté qui demeure intacte.


Dè s que je bougeais une jambe, je ressentais de si vives douleurs que je
criais de dé tresse, seule dans la nuit. Ma main droite, blessé e par le
continuel frottement contre le manche à balai, saignait...

Mon esprit n'é tait pas moins douloureux que mon corps. Je vivais dans
la perpé tuelle terreur de rencontrer un des avions militaires qui, cette nuit-
là, faisaient des exercices: je n'avais pas de feux à bord, et, dans l'obscurité,
le feu arriè re d'un avion se confond facilement avec les é toiles.

A un moment, un avion passa si prè s de moi que je cabrai6 mon
appareil dans l'é pouvante d'une collision que je crus iné vitable. A peine
remise de cette alerte, j'apercevais soudain un autre avion juste au-
dessus de moi, si bien que je vis nettement les roues de son train
d'atterrissage à quelques mè tres de ma tê te. Ces circonstances é taient
arrivé es à me faire oublier le froid qui m'engourdissait — j'é tais dans
un avion torpé do7 — les intolé rables crampes, la lassitude é crasante.
Mais je n'é tais pas au bout de mes souffrances. Il semblait que le ciel
eû t mobilisé toutes ses forces mauvaises pour les jeter en travers de ma
route... Maintenant venait le sommeil, ce redoutable ennemi du pilote.
C'é tait le dé but de la seconde nuit. L'incessant ronronnement du
moteur, peu à peu, m'engourdissait le cerveau. Mes paupiè res
s'alourdissaient... Dans une sorte de semi-inconscience, j'é voquai la
vision des gens qui rentraient chez eux, fermaient les volets sur
l'intimité des chambres closes, allumaient leur lampe de chevet. Je
pensais à mon lit, si douillet sous les chaudes couvertures, avec la
tentation du matelas si uni, si é lastique où s'é tendent les membres las...,
la fraî cheur du drap sous mes joues brû lantes...

Mes yeux se fermaient plusieurs fois par minute... Des mouvements
inconscients faisaient cabrer ou piquer8 mon appareil et je me ré veillais en
sursaut, avec cette idé e lancinante9: ah! dormir! dormir!..

Oui, mais... dormir dans un avion à cinq ou six cents mè tres de hauteur,
cela é quivaut à un suicide. Dormir, c'est mourir...

Je dois dire que je l'ai souhaité: il me semblait ê tre au bout des forces
humaines. Pourtant, je ne voulais pas abandonner. L'accident ou la panne...
qui, sans que j'y fusse pour rien, me dé livreraient de toutes ces abominables
souffrances, soit!.. Mais personnellement, ^ ne voulais -pas cé der.

Il fallait à tout prix é chapper à cet incoercible besoin de sommeil qui
allait me mener à la catastrophe. Dans mon cerveau en feu, ma pensé e
tournoyait comme un oiseau affolé: j'essayai de la fixer, de lui donner un
objet en pâ ture pour é chapper à cette sorte d'anesthé sie de la conscience
qui devenait plus dangereuse de minute en minute.


J'é voquais les malheurs qui ont marqué ma vie: ma sensibilité annihilé e
se refusait à la moindre ré action. Alors, je pensais aux succè s fabuleux, aux
prouesses magnifiques que je pourrais ré aliser avec mon avion, à la gloire
à la fortune... En vain. A cette heure, tout sombrait dans l'indiffé rence. Mes
appareils de bord semblaient s'é loigner..., mes paupiè res, pesantes comme
du plomb, continuaient à se fermer, invinciblement.

Allons! du cran11!.. Je n'allais pas flancher12 si prè s du but, que diable!..
Je serre les dents et je prends le vaporisateur que, par pré caution, j'avais
emporté. Je m'envoie dans les prunelles un jet d'eau de Cologne... Je vous
recommande le moyen... Il est infaillible: un fer rouge!..

La brû lure dure dix minutes... mais si douloureuse, la ré action de
dé fense de mon corps est si violente que, pendant une heure, l'â pre besoin
de dormirm'é pargne.

Aprè s... il faut recommencer... toutes les heures, puis, toutes les demi-
heures... jusqu'à é puisement de mon flacon. Quand il est vide, j'ai recours
à l'eau miné rale que j'ai en ré serve et, toutes les cinq minutes, je m'asperge
le visage.

Bientô t une crampe lancinante à mon estomac me rappelle que je n'ai
rien absorbé depuis le dé part. Je mords dans un fruit que je lance aussitô t
par-dessus bord; j'ai é prouvé la sensation abominable que toutes mes dents
branlaient dans leurs alvé oles.

Enfin, voici l'aube!.. C'est alors que commence un nouveau supplice.
Mon imagination exaspé ré e cré e des hallucinations sensorielles... Qu'y a-t-
il donc à ma droite?.. Un mur bla.nc se dresse contre lequel je vais a.ller
me briser.

Un mur... et je suis à six cents mè tres!.. J'ai la berlue13 voyons! Je ré agis
violemment contre ma torpeur; je reprends mon sang-froid, je suis
parfaitement lucide. Je sais qu'il n'y a pas de mur... Mais je continue à en
voir un sur ma droite, immense et blanc... Pour l'é viter, malgré moi,
soigneusement, je prends mes virages à gauche...

L'heure passe avec cette hantise sur ma ré tine. Je regarde ma montre
sans cesse: l'heure tourne. Brave petite aiguille qui m'encourage, ra.nime
ma dé faillante é nergie! Encore un effort... un autre... Il faut tenir... tenir
jusqu'au bout... J'ai l'impression maintenant d'ê tre une machine, une
machine souffra.nte et agissante, mais que rien n'arrê tera avant le but
dé finitif...

«Ou je me tuerai, ou j'arriverai!»

Un nouveau regard sur ma montre... aprè s tant d'autres!.. Ç a y est! Je l'ai
battu, le record de duré e...


Je pourrais atterrir. Mais il y a de l'essence dans les ré servoirs; je peux
tenir, donc je dois tenir, cela m'apparaî t avec une indiscutable é vidence.

Des avions viennent é voluer autour de moi. Ils ne voient pas le mur,
eux, et, par instants, je tremble qu'ils n'aillent se jeter contre l'invisible
obstacle. C'est si net que je regarde le sol pour y dé couvrir les dé bris des
appareils que je crois s'ê tre é crasé s.

Un, deux, trois, quatre... Je veux compter jusqu'à cent. Huit, douze,
dix-sept... Je ne sais plus. Je bronche14 Chaque nombre est un tré buchet15

L'é tat de mes yeux s'est aggravé. Ils sont en feu. J'ai des
bourdonnements d'oreilles... Mon corps tout entier est endolori, le vent me
fouette intolé rablement le visage... Je me sens abrutie.

Pour tenir un peu plus longtemps, je prends une grande dé cision: «Je
vais faire un tour complet et j'atterrirai...» A cette promesse de l'esprit, le
corps retrouve ses moyens...

...Lorsque j'atterris, mes yeux tumé fié s distinguaient à peine le sol: il y
avait un jour et deux nuits que je tournais en rond sa.ns lâ.cher les
commandes. 37 heures 55 minutes à faire voler l'avion*...

MARYSE BASTIÉ. Ailes ouvertes (1937),
Примечания:

1. L'imparfait, aprè s le passé simple, traduit une maniè re d'é tat. 2. Счастливчик, ве-
зунчик. 3. Кабина пилота (профессиональный жаргон). 4. Педаль руля направления.
5. Рычаг руля высоты. 6. Кабрировала, т.е. резко подняла вверх... 7. Т.е. в самолете,
кабина которого не имеет стеклянного фонаря, защищающего летчика сверху.
8. Пикировать, т.е. резко направить самолет к земле. 9. Навязчивая мысль. 10. Неукро-
тимая, неодолимая. 11. Смелей, мужественней (здесь: взять себя в руки!) 12. Не сдам-
ся, не спасую (разг.). 13. Временное помрачение зрения. 14. Делаю ошибку, сбиваюсь.
15. Ловушка, западня.

Вопросы:

* Par quels moyens s'exprime, dans ce ré cit, le combat entre la fatigue et la volonté?


VII. Образование

Парижский университет был основан в 1150 г., а спустя столетт
Жан Сорбон учредил коллеж, который станет самым знаменитым \.
средние века — Сорбонну. Слово университет, которому было угото
вано великое будущее, означало тогда сообщество учителей и школя
ров. Вскоре вокруг коллежа Сорбонны на склонах холма Сент
Женевьев выросло много других зданий, и в Париж со всей Европы
потянулись школяры. Образование там давалось по четырем главным
дисциплинам: теология, право, медицина и свободные искусства. Но
Сорбонна держала надо всеми своеобразный контроль до тех пор, по
ка Франциск I не основал в 1530 г. коллеж Королевских чтецов
(будущий Коллеж де Франс), где изучались с полной свободой крити
ческого истолкования древнееврейские, древнегреческие и латинские
тексты, религиозные и светские. Именно тогда и были заложены ос
новы французской системы высшего образования.

Если говорить о среднем образовании, то с XVI века его получали
в коллежах, которыми руководили религиозные конгрегации; наибо
лее знаменитой из них с точки зрения педагогики была конгрегации
иезуитов. Это они преподавали в коллеже Клермон, который впослед-
ствии стал именоваться коллежем (а сейчас лицеем) Людовика Вели
кого; из его стен вышли Мольер, Вольтер, Дидро. Революция и Напо-
леон создали государственную систему образования, заменившую ча-
стные и церковные школы.

В настоящее время школьная и университетская система Франции
подобна пирамиде, основу которой составляют начальные школы
среднюю часть — средние школы (лицеи и коллежи), а вершину -
институты и университеты, дающие высшее образование. Необходим
сказать, что переход из начальной школы в лицей или коллеж проис
ходит самым естественным образом; никаких непреодолимых перего-
родок, что отделяли раньше начальные школы от средних, не сущест-
вует, и любой (сдавший экзамены на бакалавра), может поступить в
университет без каких-либо экзаменов. Кроме того, необходимо


помнить о системе технического образования, значение которого ог-
ромно, т.к. оно занимается профессиональным обучением.

Вопросы образования играют огромную роль в жизни нашей стра-
ны. И доказательством тому может служить растущее с каждым годом
количество кандидатов на бакалаврат; этот рост обусловлен не только
увеличением населения, но и усилиями общества сделать среднее об-
разование максимально доступным как можно большему числу детей.

Вот цель всех предполагаемых многообразных реформ: во-первых,
облегчить программы преподаваемых предметов, которые способны
совершенно задавить добросовестного лицеиста, а также обеспечить
доступ к знаниям как можно большему числу детей, что является од-
ним из главных устремлений демократии. Сюда относится и увеличе-
ние роли общекультурных дисциплин, преподаваемых в технических
школах.

Французская система образования при всех ее достоинствах и не-
достатках остается верна себе. Она отказывается рассматривать уче-
ника лишь с точки зрения его профессии. Она не готовит будущих
" роботов". По своей сути она формирующая. Одним словом, в ребен-
ке она видит человека — такого, каким он станет завтра.

Правда, начиная с 1967 г., проявилось весьма мощное студенческое
движение, требующее, чтобы университет шире открылся требова-
ниям и тенденциям современной жизни. Устроив забастовку, вернее
даже восстание, студенты потребовали автономии " подразделений"
университета и смягчения требований на экзаменах. Впрочем, подоб-
ное " движение протеста" является общим для всей Европы, и, навер-
ное, можно сказать, что в истории культуры начинается новая эра.


POUR UNE TÊ TE «BIEN FAITE» PLUTÔ T
QUE «BIEN PLEINE»

il appartenait aux é crivains de la Renaissance de poser le problè me de l'é du
cation rationnelle. Dé jà Rabelais s'é lè ve, dans son Pantagruel (1532) et son
Gargantua (1534)' contre l'instruction toute livresque des scolastiques. Il
ré clame en faveur de l'observation, et, dé clarant que «science sans conscience
n'est que ruine de l'â me», associe, dans l'é ducation, l'honnê teté et le savoir.
Mais il fait à la mé moire une part excessive et son é lè ve sera surtout «un puits
de science».

Aussi l'idé al de MONTAIGNE nous parait-il plus proche du notre. Et l'on peut lui
attribuer le mé rite d'avoir dé fini, sans la nommer, la culture, qui est avant tout
é panouissement de la pensé e et du cœ ur, au contact des meilleurs esprits,
comme les plantes s'é panouissent par une patiente assimilation des sucs qui les
nourrissent.

A un enfant de maison1 qui recherche les lettres, non pour le gain, ni
tant pour les commodité s externes que pour les siennes propres et pour s'en
enrichir et parer au-dedans, ayant plutô t envie d'en tirer.un habile homme
qu'un homme savant, je voudrais aussi qu'on fû t soigneux de lui choisir un
conducteur qui eû t plutô t la tê te bien faite que bien pleine, et qu'on y requî t
tous les deux, mais plus les mœ urs et l'entendement2 que la science; et qu'il
se conduisî t en sa cha.rge d'une nouvelle maniè re.

Qu'il ne lui3 demande pas seulement compte des mots de sa leç on, mais
du sens et de la substance; et qu'il juge du profit qu'il aura fait, non par le
té moignage de sa mé moire, mais de sa vie.

Qu'il lui fasse tout passer par l'é tamine, et ne loge rien en sa tê te par
simple autorité et à cré dit. Les principes d'Aristote ne lui soient principes,
non plus que ceux des Stoï ciens ou É picuriens. Qu'on lui propose cette
diversité de jugements: il choisira s'il peut, sinon il en demeurera en doute:

«Che, non men cJie saper, dubbiar m'aggrada»5.

Car s'il embrasse les opinions de Xé nophon et de Platon par son propre
discours, ce ne seront plus les leurs, ce seront les siennes. Qui suit un autre
il ne suit rien. Il ne trouve rien, voire il ne cherche rien. «Non sumus sub
rege; sibi quisque se vindicet»6
Qu'il sache qu'il sait, au moins. Il faut qu'il
emboive7 leurs humeurs8, non qu'il apprenne leurs pré ceptes. Et qu'il oublie
hardiment, s'il veut, d'où il les tient, mais qu'il se les sache approprier. La
vé rité et la raison sont communes à un chacun, et ne sont non plus à qui les
a dites premiè rement, qu'à qui les dit aprè s. Ce n'est non plus9 selon Platon
que selon moi, puisque lui et moi l'entendons et voyons de mê me. Les


abeilles pillotent10 de ç a de là les fleurs, mais elles en font aprè s le miel qui
est tout leur; ce n'est plus thym ni marjolaine: ainsi les piè ces emprunté es
d'autrui, il les transformera et confondra, pour en faire un ouvrage tout
sien: à savoir son jugement. Son institution, son travail et é tude" ne vise
qu'à le former*.

Essais (1580-1502). I, ch. xxvi.
Примечания:

1. Здесь речь идет об обучении дворянина, а не о подготoвкe " специалиста" —
о том, чтобы сделать из него учтивого, воспитанного человека. 2. Способность сужде-
ния. 3. У своего ученика. 4. Волосяная ткань, служившая для процеживания и изго-
товления сит. 5. «Не менее, чем знать, любезно сомневаться» (Данте). 6. Слова древ-
неримского философа Сенеки: «Над нами не властвует царь, да будет каждый сам себе
господином» (лат). 1. Du vieux verbe emboire — plus fort que boire; впивает.
8. Букв, гуморы, т.е. жидкие субстанции, составляющие организм человека. В средние
века считалось, что преобладание одного из гуморов определяет характер человека.
В переносном смысле: настроения, умонастроения. 9. Pas plus. 10. Vieux diminutif du
verbe piller — грабить, заимствовать чужое. 11. É tude est alors masculin. D'où un seul
possessif, masculin, pour les deux noms.

Вопросы:

* Quels principes de la pé dagogie moderne sont ici é noncé s?Montrez comment les
images confè rent à ce texte un caractè re
concret et mê me poé tique.






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