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Vieux protestants du pays cévenol






Si la France est la «fille aî né e de l'É glise», elle est aussi la patrie de Calvin; et
la Ré forme s'y est implanté e assez profondé ment pour que la ré vocation de
l'Edit de Nantes (1685) ou les persé cutions des «Missionnaires botté s» qu'é tai-
ent les dragons du roi fussent impuissantes à l'extirper. Tout au plus ces
persé cutions firent-elles du protestant franç ais un homme durci dans sa foi et
prê t à tout souffrir pour elle.

ANDRÉ GIDE, é levé lui-mê me dans la religion ré formé e, a pu connaî tre encore, dans son
enfance, de ces vieux huguenots des Cé vennes, en qui s'é tait perpé tué le souvenir des
é preuves de jadis et qui en avaient conservé comme une rudesse invé té ré e.

Mon grand-pè re é tait mort depuis assez longtemps lorsque je vins au
'monde; mais ma mè re l'avait pourtant connu, car je ne vins au monde que
six ans aprè s son mariage. Elle m'en parlait comme d'un huguenot austè re,
entier, trè s grand, trè s fort, anguleux, scrupuleux à l'excè s, inflexible, et
poussant la confiance en Dieu jusqu'au sublime*. Ancien pré sident du
tribunal d'Uzè s, il s'occupait alors presque uniquement de bonnes œ uvres et
de l'instruction morale et religieuse des é lè ves de l'é cole du Dimanche.

En plus de Paul, mon pè re, et de mon oncle Charles, Tancrè de Gide
avait eu plusieurs enfants qu'il avait tous perdus en bas â ge, l'un d'une
chute sur la tê te, l'autre d'une insolation, un autre encore d'un rhume mal
soigné; mal soigné pour les mê mes raisons apparemment qui faisaient qu'il
ne se soignait pas lui-mê me. Lorsqu'il tombait malade, ce qui du reste é tait
peu fré quent, il pré tendait ne recourir qu'à la priè re; il considé rait
l'intervention du mé decin comme indiscrè te, voire impie*, et mourut sans
avoir admis qu'on l'appelâ t.


Certains s'é tonneront peut-ê tre qu'aient pu se conserver si tard ces
formes incommodes et quasi palé ontologiques de l'humanité; mais la petite
ville d'Uzè s é tait conservé e tout entiè re; des outrances comme celles de
, mon grand-pè re n'y faisaient assuré ment point tache; tout y é tait
à l'avenant1; tout les expliquait, les motivait, les encourageait au contraire,
les faisait sembler naturelles; et je pense du reste qu'on les eû t retrouvé es
à peu prè s les mê mes dans toute la ré gion cé venole, encore mal ressuyé e2
des cruelles dissensions religieuses qui l'avaient si fort et si longuement
tourmenté e (...).

Ceux de la gé né ration de mon grand-pè re gardaient vivant encore le
souvenir des persé cutions qui avaient martelé leurs aï eux, ou du moins
certaine tradition de ré sistance; un grand raidissement inté rieur leur restait
de ce qu'on avait voulu les plier. Chacun d'eux entendait distinctement le
Christ lui dire, et au petit troupeau tourmenté: «Vous ê tes le sel de la terre;
or si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on?»...

Et il faut reconnaî tre que le culte protestant de la petite chapelle d'Uzè s
pré sentait, du temps de mon enfance encore, un spectacle particuliè rement
savoureux. Oui, j'ai pu voir encore les derniers repré sentants de cette
gé né ration de tutoyeurs de Dieu assister au culte avec leur grand chapeau
de feutre sur la tê te, qu'ils gardaient durant toute la pieuse cé ré monie, qu'ils
soulevaient au nom de Dieu, lorsque l'invoquait le pasteur, et n'enlevaient
qu'à la ré citation de «Notre Pè re...». Un é tranger s'en fû t scandalisé comme
d'un irrespect, qui3 n'eû t pas su que ces vieux huguenots gardaient ainsi la
tê te couverte en souvenir des cultes en plein air et sous un ciel torride. dans
les replis secrets des garrigues, du temps que le service de Dieu selon leur
foi pré sentait, s'il é tait surpris, un inconvé nient capital4**.

ANDRÉ GIDE. Si le grain ne meurt (1926).

Примечания:

1. Все здесь было в таком же роде. 2. Не вполне оправившийся (букв, просохший).
3- A pour anté cé dent un é tranger. 4. Au sens propre: mortel (qui coû te la tê te).

Вопросы:

* Expliquez les expressions: «Poussant la confiance en Dieu jusqu'au sublime.» — Et,
Plus bas:
«II considé rait l'intervention du mé decin comme impie.»

** Montrez que l'é crivain a gardé un grand respect pour ces huguenots d'autrefois







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